Les petits détails d’une traversée

Nous sommes au 17ième jour de traversée et Navionics (notre programme de navigation sur iPad) nous annonce moins de 24 heures avant notre arrivée aux Marquises et plus précisément à Atuona sur l’île d’Hiva-Oa. Pourquoi cette île et ce mouillage? Tout simplement, car c’est la première et que c’est là qu’il y un port d’entrée pour faire les formalités de douanes et d’immigration.

Cela fait maintenant 31 jours que nous avons quitté Panama, la ville et les magasins. Cela signifie 31 jours sans véritable ravitaillement excepté un peu de pain aux îles Perlas et aux Galápagos ainsi que quelques oeufs. (Le saviez-vous : pour conserver des oeufs, il suffit de les retourner régulièrement). Il nous fallait de la nourriture pour 40 jours environ (de quoi garder une petite marge) pour 7 personnes. Imaginez-vous faire des courses en Belgique uniquement une fois par mois. Tout ce qui est pâte, riz, semoule, conserves, sauce tomate, biscuits, chips, bonbons, aromates et condiments, confiture, papier toilette, lait, jus,… facile…mais pour le frais, la charcuterie, le fromage, le beurre, les yaourts, la viande, les fruits et les légumes, cela devient plus compliqué à gérer. Pour le pain, grâce à Xavier, Béné a réussi à faire du pain à la main. Heureusement, nous avons un frigo et un congélateur.

Mais pour cela, il faut de l’énergie tout comme pour recharger nos appareils, photos, mac, ipad,… Et là aussi nous sommes en autonomie complète depuis 31 jours. Nous avons bien des panneaux solaires pour nous aider (ceux ci sont suffisant pour autant que le soleil brille et que nous restions principalement au mouillage), sachant que les gros consommateurs sont le « froid » (frigo et congélateur) et surtout ce qui vient en plus lors de la grande traversée, c’est le pilote automatique qui fonctionne 24h/24 (c’est vrai, à 7, on aurait pu faire des tournantes, …) et les panneaux et bien ils ne chargent pas la nuit, ni l’après midi dès 14h car les voiles se trouvent alors entre le soleil et les panneaux (vu que nous naviguons vers l’ouest).

Heureusement, pour charger les batteries, on peut aussi allumer les moteurs. Mais là aussi, les moteurs consomment. Et en mer, il n’y a pas beaucoup de camions citernes. Pour parer à cela, nous avions bien entendu rempli les réservoirs (hé oui, fallait y penser), mais surtout emporté 15 jerrycans supplémentaires. D’après nos calculs et estimations, nous pouvions allumer les moteurs 5 h par jour ( pour fournir de l’énergie, traverser le pot-au-noir et autres zones sans vent).

Et puis il y a l’eau, pour la cuisine, la vaisselle, la lessive, se laver et boire. Nous avions rempli nos 2 réservoirs (total 800l d’eau potable) soit 3l par personne et par jour, moins qu’une chasse d’eau à la maison … Mais heureusement, aux San Blas, nous avons eu l’opportunité d’acquérir un dessalinisateur (Un super appareil qui transforme l’eau de mer en eau potable) que Laurent s’est empressé d’installer et de brancher ( ce truc là, ça consomme aussi …). Ouf, cela signifiait plus de stress du à la gestion de l’eau. Point de vue lessive, c’est vrai, on ne se salit pas de trop mais cela fait néanmoins du bien de laver de temps en temps les draps et les essuies qui restent moites à cause du sel. Les petites mains de Béné se sont à nouveau plongées dans les bassines tout comme en Afrique.

Ensuite, il faut éviter l’accident, les petites maladies et les gros bobos car ici les pharmacies et les médecins de garde ne sont pas bien répertoriés (en 17 jours de traversée, nous n’avons aperçu que 4 bateaux au loin). Les plus courants étant de se prendre pour un poisson et de s’enfoncer un hameçon dans le doigt ou dans le pied, d’attraper un coup de soleil voire même une insolation, de tomber dans un hublot ouvert, de se bruler en égouttant les pâtes ou de se couper en nettoyant un poisson, …

Ensuite, il y a les conditions climatiques, bon on ne sait pas les changer mais on peut télécharger les fichiers GRIB (météo) pour au moins anticiper les vents, les grains, les courants, les vagues, …et fuir le cas échéant … heureusement pour cela nous avons le téléphone satellite (qui nous permet de recevoir ces infos ainsi que vos nouvelles par mail (juste du texte) ou encore par SMS) et aussi Denys (l’Amiral de Grand-Leez), notre ange gardien en quelque sorte qui nous aura suivi de terre afin de nous router au cas où le gros mauvais temps décidait de se mettre au travers de notre route. A part vos messages, nous n’avons aucune info de l’actualité en Belgique ou dans le monde (ça en fait, c’est peut très bien pour le moral).

Il faut aussi organiser les quarts et essayer de garder une bonne ambiance, éviter de vouloir en jeter un par dessus….

Tout comme les déchets et ordures produites durant tout ce temps, car là aussi, le camion ne passe pas chaque semaine….et avec la chaleur…et malgré le fait qu’on aie pas concrétisé le fait d’avoir une poule à bord, nous avons les poissons comme vides assiettes…

A ne pas oublier également, embarquer un bon mécanicien pour toutes les petites pannes imprévues.

Et puis il y a le décalage horaire, car en naviguant vers l’ouest, on en passe des méridiens et et avec eux nous gagnons des heures. Depuis Panama, nous avons ajusté cinq fois nos montres … Si au moins il y avait une Gavox qui faisait cela automatiquement … Nous avons maintenant 11h30 de décalage avec la Belgique.

La récompense, chaque jour un lever et un coucher de soleil différents et la nuit des dizaines de milliers d’étoiles qui scintillent juste pour nous….

2 réflexions sur « Les petits détails d’une traversée »

  1. Et bien comme ça, c’est fait ! (C’est ce que les jeunes disent ici)
    Tout simplement extra ! Vous êtes incroyables (je le savais déjà mais bon…)

    Ici, pour le moment, il tombe un d’ces grains. Pas certaine que le soleil sera de la partie pour les communions de dimanche.
    Côté news, un gros tremblement de terre au Népal (entre 5000 et 10000 morts). Economie et budget à faire et refaire pour notre petit pays… En fait, c’est plus cool de parler de vous.

    Je n’ose pas imaginer la fête que ça va être dans le premier supermarché que vous allez rencontrer.
    Basile espère qu’un calamar géant ne va pas vous attraper avant l’arrivée !
    Elena fait un gros bisou à son parrain et espère qu’Isaline a encore de quoi faire des colliers 😉
    Constantin se dit qu’Augustin doit connaitre tous les films du monde entier et pourra écrire très prochainement un test-achat spécial films
    Et Ivan est en retraite mais doit certainement se dire que Guilhem est devenu le meilleur pêcheur du monde.
    On vous visualise si bien. Je n’ose même pas imaginer les sensations que vous allez connaitre en posant le pied à terre… Et le mal de mer que vous aurez sur terre ! Ohlala…

    Au plaisir de vous lire et de connaitre vos aventures aux Golapagos

    Stèph et la Smala

  2. Article 100% « Sept à Vivre »: à le lire, on rit avec vous, on souffre avec vous, on serre les dents avec vous, on flippe avec vous, on se réjouit avec vous, on se démerde avec vous, on triomphe avec vous.

    En tout cas, vous avez bien mérité un brevet de coureurs de fond. Un mois de navigation pratiquement ininterrompue! Quand je pense que, à partir de Lyon, le trajet Everberg – Alpe d’Huez commence à devenir longuet…

    Courage pour les dernières encablures. On se réjouit déjà de vous savoir à bon port (au propre et au figuré).

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